Ainsi le bois serait moins protecteur. Pourtant, dans le grand nord canadien ou en Suède, des maisons en rondins ont parfois enduré plus de deux cents hivers. Elles demeurent aussi confortables qu’au premier jour où elles ont été habitées. De même, au Japon, si les maisons en bois sont si nombreuses, c’est précisément parce qu’elles résistent particulièrement bien aux secousses sismiques. Alors, il reste l’impression de vulnérabilité au feu. L’imaginaire collectif en a décidé ainsi. Mais c’est sans aucun fondement scientifique ! Car au contraire, « la résistance aux flammes des maisons en bois est exceptionnelle », comme le rappelle Paul Jarquin, président fondateur de REI. Cette société de promotion immobilière est pionnière, en région parisienne, de l’utilisation de l’ossature bois dans les programmes de logements collectifs.
Sur le terrain écologique, en revanche, le bois éprouve moins de mal à faire valoir sa supériorité. Il est vrai que le secteur de la construction est responsable à lui seul d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. C’est un vrai problème, pour lequel toutes les solutions convaincantes sont bonnes à prendre. Or en la matière, non seulement le bois n’émet pas de C02, à l’origine du réchauffement climatique, mais à l’inverse, il le stocke ! En outre, ce matériau naturel est renouvelable, et les déchets qu’il produit sont facilement recyclables (en pâte à papier, en source d’énergie).
Et puis, il y a le réalisme économique. Le bois fait gagner du temps. Or le temps, c’est de l’argent Cela tient à la spécificité du mode de construction. Les panneaux de façades sont préalablement confectionnés en ateliers. L’assemblage des éléments sur le chantier s’effectue ensuite très vite. Ainsi, sur un programme de 40 logements, la superstructure est réalisée en deux mois et demi, là où la construction classique en béton réclame quatre à cinq mois. En outre, durant ce temps, l’option bois n’a besoin sur place que de charpentiers. Pour le voisinage, cela change agréablement des camions bétonnières qui font chaque jour la navette à raison de cinq trajets bruyants et polluants.
Ensuite, à l’usage, les occupants constatent à quel point le matériau est source d’économies. Du point de vue des températures, il isole deux fois mieux que le béton. Dès lors, il n’est pas toujours nécessaire de faire fonctionner le chauffage, même en hiver. Un couple avec jeunes enfants peut en témoigner. Voici un an, il a quitté le quartier de Beaubourg, à Paris, pour s’installer dans un loft en bois, dans la proche banlieue, à Montreuil. « Notre facture d’électricité a beaucoup baissé, reconnaît la nouvelle propriétaire. On est à peine à 50 euros par mois contre le double dans notre ancien appartement parisien. »
Mais le bois n’apporte pas seulement une réponse aux budgets familiaux. Il se révèle aussi une solution macro- économique, tant au niveau du déficit de la balance des paiements que de la difficulté de relancer la croissance et l’emploi. « L’industrie du bois emploie 450.000 personnes en France », rappelle Paul Jarquin, le fondateur de REI. « Mais, poursuit-il, en substance, elle pourrait embaucher encore. « Car elle est l’un des secteurs où le déficit commercial est le plus important ». Nous exportons certes beaucoup de bois brut, mais nous réimportons une partie sous forme de meubles et de parquets, perdant au passage la valeur ajoutée. Une anomalie aisément rectifiable…Quand le bois sera enfin reconnu à sa juste valeur.
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